Page 2 sur 3

Re: Le travail du bras droit

Publié : jeu. 24 janv. 2013 09:57
par Claire91
En fait c'est bizarre ce travail du bras droit :
Quand on débute, la tenue de l'archet est une vraie galère.
Après, j'ai l'impression qu'on se concentre surtout sur la main gauche et que c'est bien après, des années plus tard, qu'on revient vraiment au travail du bras droit.
C'est un peu dommage, en fait.

Re: Le travail du bras droit

Publié : sam. 16 févr. 2013 17:45
par Odile
Claire, je me permet de relancer le sujet, car j'ai une question :

qu'est-ce qui fait le son d'un soliste ?
Comment ça se fait qu'il y a aie une telle différence ?
D'où ça vient ?
Est-ce que c'est juste une bonne gestion des facteurs vitesse, pression, point de contact,
ou est-ce qu'il y en a d'autres ?

Je ne comprend pas très bien, d'autant que j'ai déjà vu et entendu jouer de trèèèèèèèèèès bons violonistes
sur mon violon et mon archet, et ils avaient un son...un volume, surtout, et puis très timbré...
Donc je peux pas mettre ça sur le dos du violon ! :hehe:

Quelqu'un pour me répondre ?

Re: Le travail du bras droit

Publié : sam. 16 févr. 2013 18:22
par akito
A mon humble avis il faut bien sûr une bonne base technique, mais l'oreille est pour 90% de la qualité du son.
Je ne parle pas de l'oreille pour la justesse (du reste essentielle comme pour la technique), mais de la musicalité, l'intention, l'âme, le caractère... Tout ce qui fait l'interprétation d'une œuvre, ce qui va différencier un violoniste d'un autre.

Ça ne vient pas du violon non plus comme tu dis : je me rappelle avoir essayé la "boîte à camembert" d'une collègue débutante, et elle m'a dit qu'elle n'avait jamais entendu sonner son violon comme ça :D (ça fait plaisir). Dans un autre contexte, j'avais fait lors d'un stage une masterclass avec comme professeur Gérard Jarry. A un moment il a pris mon violon et a joué tout un passage de l’œuvre (Introduction et Rondo Capriccioso de Saint-Saëns) : il a transformé le plomb en or pendant quelques minutes :blink: :wub:

Le violon finalement n'est qu'un intermédiaire, un outil, une interface : à la limite, il importe peu !

Par contre je pense qu'il se crée une complémentarité avec l'instrument au fil du temps : le bon violoniste qui connaît son instrument arrivera en plus, à exploiter ses points forts et gommer ses points faibles autant que possible, ce qui ajoutera à la qualité du son.

Re: Le travail du bras droit

Publié : sam. 16 févr. 2013 18:33
par Briel
Odile a écrit : Quelqu'un pour me répondre ?
Odile, je t’invite à lire ce petit sujet, d’il y a quelques années…
Dis-moi si tu y trouves quelques éléments de réponse…je compléterai volontiers, si besoin :)
topic2713.html?hilit=cavata

Re: Le travail du bras droit

Publié : sam. 16 févr. 2013 18:54
par akito
Briel a écrit :
Odile a écrit : Quelqu'un pour me répondre ?
Odile, je t’invite à lire ce petit sujet, d’il y a quelques années…
Dis-moi si tu y trouves quelques éléments de réponse…je compléterai volontiers, si besoin :)
topic2713.html?hilit=cavata
Il me semble que mon post plus haut va un peu dans le même sens que ton sujet. Mais je me trompe peut-être ?

Re: Le travail du bras droit

Publié : sam. 16 févr. 2013 19:00
par cécilius
Le message s'adresse à Odile, mais je l'ai lu avec beaucoup d'intérêt. Félicitations du grand Briel :merci:

Re: Le travail du bras droit

Publié : sam. 16 févr. 2013 19:09
par Briel
@ Akito :
Oui, tout à fait dans le même sens :)
Au passage, je partage tout à fait ton avis sur la cavata de Gérard Jarry.

@ Cecilius :
:rouge:

@ Odile :
Sur le plan plus proprement physique (toutes choses étant égales par ailleurs en ce qui concerne le matériel) ce qui fait la bonne cavata est :
- L'ensemble des éléments 'bras droit' : surtout tenue de l'archet et poids du bras
- Beaucoup des éléments main gauche : contact des doigts (plus ou moins charnu), vibrato +++ (le vibrato a une composante qui amplifie et 'anoblit' le son)
- La respiration : cage thoracique = caisse de résonance

Re: Le travail du bras droit

Publié : sam. 16 févr. 2013 20:15
par Odile
Merci beaucoup !

Akito : Je suis entièrement d'accord, ça me parait logique !
Briel : Merci beaucoup, c'est très instructif.

La cage thoracique comme caisse de résonance ?
Le deuxième point, j'arrive à suivre, et le premier ?
Peut-on définir une tenue d'archet d'idéale ?
Quels sont les critères ?

Enfin, voilà, j'ai l'impression, de plus en plus, qu'au delà de toutes les considérations techniques (justesse...)
le son est vraiment le plus complexe dans le violon...
Et je pose des questions...

Tu pourrais développer un peu plus ton dernier post, s'il te plait Briel ? :gene2:

En tout cas, merci ! _biz_

Re: Le travail du bras droit

Publié : sam. 16 févr. 2013 20:21
par Odile
Dernière question, (pour le moment :mrgreen: ) et pas des moindres :

comment peut-on travailler tout ça ?
Parce que, dans les morceaux, il y a tellement de choses sur lesquelles il faut se concentrer, que c'est pas facile...
Du point de vue purement physique, ça se traduit comment ?

Bref, j'ai pas fini de vous embêter ! :tongue:

Re: Le travail du bras droit

Publié : dim. 17 févr. 2013 16:12
par Briel
Odile a écrit : Tu pourrais développer un peu plus ton dernier post, s'il te plait Briel ? :gene2:
D’accord, mais pour certains ce sera du déjà lu, déjà entendu… :)

Je vais continuer à utiliser le terme cavata
Ce terme italien, à ma connaissance, n’a pas son équivalent satisfaisant en français, ni en anglais. La traduction qui peut en rendre mieux le sens est : « (capacité d’) extraction ».
Dommage, car il est bien pratique, puisqu’il résume tous les facteurs qui font le « beau son d’un violoniste »
Il n’est donc pas utilisé en référence à l’instrument, à l’archet, aux cordes etc…à tout ce qu’on appelle ‘le matériel’(m).
Au moment du jeu, le violoniste (V) va « extraire » du m ce que celui-ci peut potentiellement fournir.
Bien évidemment V va gérer sa cavata en fonction du résultat musical qu’il recherche.

Tenue d’archet :
La force de frottement et le poids du bras se transmettent à la corde par l’intermédiaire de la main qui tient l’archet. La « bonne transmission » dépend donc de l’ensemble (complexe) de : points de contact des doigts, angles de ceux-ci, « pas de serrage » (importance +++), action d’amortissement (attaques, changements d’archets…), dynamiques au cours d’un même coup (signes < >)…
La tenue d’archet idéale est celle qui traduit le plus fidèlement les intentions du V : puissance, nuances, effets etc…

Respiration :
La dilatation plus ou moins prononcée et/ou maintenue de la cage thoracique du V agit comme une caisse de résonance supplémentaire, qui amplifie et enrichit le son projeté par l’ensemble Vm.

Contact des doigts main gauche :
Selon la portion de phalagette utilisée pour prendre la note et l’angle de pose, les différentes caractéristiques de cet appui contribuent à déterminer certains timbres/couleurs du son : âpre, moelleux, sec, doux, feutré…

Vibrato :
Par delà la simple oscillation de la hauteur de la note jouée, un bon vibrato permet l’exploitation de battements et le recrutement d’harmoniques supplémentaires qui rendent le son plus riche, « volumineux »…beau !
Par exemple, Gérard Jarry (cité plus haut) avait un magnifique vibrato : l’excursion des doigts (très souples) était très ample et pourtant le résultat sonore n’était pas du tout… meuglant.

Comment travailler tout ça ?
Comme je l’ai déjà dit à d’autres occasions, il est indispensable que V soit capable de reconnaître les sensations psychophysiques associées à tout ce qui a permis le beau résultat.
Le jugement personnel compte autant que celui de références externes compétentes (les profs, les auditeurs avertis…)
Jour viendra où on dira à V : « Voilà, comme ça c’est bien, bella cavata ! »
A ce moment-là, comment V peut se remettre en conditions de reproduire la bella cavata ?
Seulement en se remettant en condition de ressentir les mêmes sensations…
Le travail consiste donc en l’observation attentive des sensations qui accompagnent l’approbation esthétique venant de soi-même et des autres.

Re: Le travail du bras droit

Publié : dim. 17 févr. 2013 16:38
par cécilius
Merci pour toutes ces explications :wub:

Re: Le travail du bras droit

Publié : dim. 17 févr. 2013 19:24
par Odile
Merci beaucoup ! :merci:

Re: Le travail du bras droit

Publié : dim. 17 févr. 2013 19:32
par Odile
Je pose une dernière question ! ^_^
Niveau tenue d'archet, j'ai tendance, à écarter l'index des autres doigts, assez naturellement, mais
vraiment écarter...j'ai l'impression de plus contrôler mon archet ainsi...
Des inconvénients ? Je peux, ou c'est pas bien ?

En tout cas, merci beaucoup pour ces réponses détaillées, et très instructives ! :merci: :gene2:

Re: Le travail du bras droit

Publié : dim. 17 févr. 2013 20:22
par Briel
Si l’écartement n’est pas cause de rigidité et si tu te trouves à l’aise avec… je n’y vois pas d’inconvénient :)
Cela peut être même un avantage en termes de stabilité, surtout pour les (différents) coups au talon et pour les attaques des accords ‘énergiques’ (qui te réussissent assez bien, à juger de ton Nigun et de la Chaconne).
Attention, tout de même, en conséquence d’un grand écartement, à que le poignet ne soit pas trop cambré à la pointe…

Re: Le travail du bras droit

Publié : dim. 17 févr. 2013 20:31
par Odile
D'accord...
Oui, je suis plus à l'aise avec, je contrôle mieux l'archet à partir du milieu/pointe...
Je vais essayer vraiment, et voir ce que ça donne, mais oui, ça me convient mieux !

Ah, les attaques énergiques...j'adore ça ! :lol: :inlove:
Quand je travaille, j'essaie de maîtrise au maximum le morceau, et quand je joue, je suis à fond ! :hehe: ^_^