Les concours pour jeunes violonistes sont-ils bénéfiques ?

[Inupiko]

Bonjour,

J'aimerais lancer ce débat car je constate comme toutes les disciplines que le violon pour rayonner a besoin de ses champions En effet il n'y a pas un jeune talent, qu'il n'ait remporté à un moment ou un autre de "trophées".

Mais a-t-on intérêt nous adultes à exposer nos enfants ? Est-ce un moyen simple de les motiver ? De les jauger ? De savoir si finalement ils peuvent faire carrière ?

En dehors du fait que les concours peuvent être d'excellents jalons de progression pour nos enfants peut-on affirmer que sans concours il est impossible de connaître le véritable potentiel d'un jeune violoniste ? Ou que sans concours plus simplement il est impossible d'être détecté et accepté par ses pairs ?

Merci d'avance pour votre aide éclairée.

[PhilippeB]

Difficile de répondre à cette question. Il y a manifestement les pours et les contres. En tout cas c'est un choix qui implique l'enfant, le prof et les parents et il faut que les 3 partagent la même approche. Par exemple, si l'enfant fait des concours il devra travailler le programme imposé par les concours. Il faut donc que le prof en soit d'accord. Ensuite, qui dit concours dit compétition, réussite ou échec et donc il faut aussi que l'enfant soit dans cet esprit de compétition et qu'il ne se bloque pas en cas d'échec. Enfin, cela demande une implication très importante des parents qui devront vivre au rythme des concours avec leurs enfants, assurer la logistique, les amener à droite et à gauche, y compris à l'étranger car la plupart des concours pour enfant ne sont pas en France,... En revanche, concours ou pas, je pense qu'il est important que l'enfant s'habitue à jouer en public et ait souvent des occasions de le faire (une fois par mois me semble un minimum). Malheureusement les conservatoires n'offrent pas suffisamment d'occasions pour ça (une ou deux auditions par an ce n'est pas suffisant).

[cécilius]

En revanche, concours ou pas, je pense qu'il est important que l'enfant s'habitue à jouer en public et ait souvent des occasions de le faire (une fois par mois me semble un minimum). Malheureusement les conservatoires n'offrent pas suffisamment d'occasions pour ça (une ou deux auditions par an ce n'est pas suffisant).

Pourquoi ne pas organiser des goûters par groupes de parents, ce qui fait qu'il n'y a pas trop de goûters à réaliser par parents ?
J'en connais qui arrivent à le faire. Il peut y avoir des enfants qui travaillent d'autres instruments, des enfants non musiciens qui peuvent ainsi être amenés à s'intéresser à l'étude d'un instrument etc... Le tout est de les laisser jouer suivant les niveaux croissants.
Bien sûr c'est plus de travail que de les laisser jouer tous seuls, comme le font certains, sur une console ; mais c'est aussi beaucoup plus enrichissant ; malheureusement on a tendance aujourd'hui à rechercher la facilité et se donner bonne conscience en se disant "on n'a pas le temps". Je dis cela, car j'ai tendance à observer et écouter ce qui se passe autour de moi...

[Inupiko]

Cécilius,

J'en déduis que l'exposition (gouter convivial, apéro festif entre amis, spectacle à l'école , concours, auditions etc …) est nécessaire sinon bonne pour le jeune violoniste. Elle peut être bénéfique si elle est vécue par l'enfant comme une épreuve, une adaptation à un contexte nouveau: le face à soit même. Sans épreuve comment grandir, se connaître, forger son être, avoir une reconnaissance autre que celle de ses parents. Et il faut que ces derniers soient en effet créatifs dans l’adaptation des épreuves aux prédispositions de l'enfant. Ne pas en effet chercher la facilité en collant à un modèle unique. Il faut un mixte dans lequel le concour peut avoir sa place.

[Carbone14]

Sujet très interessant, comment "pousser" ses enfants sans pour autant les décourager? Jouer en public me semble vraiment bénéfique voire indispensable pour acquérir de l'assurance, mais un concours c'est autre chose, il y a la compétition, la pression, et l'échec potentiel que tous les enfants ne sont pas capable d'encaisser selon moi.

[PhilippeB]

La musique étant un art et non pas un sport, le principe même du concours est discutable en soi. Le concours doit rester ce qu'il est, c'est-à-dire un outil de sélection (relativement simple, efficace et objectif il faut dire) des musiciens à différents stades de leur parcours. L'entrée en classe CHAM est déjà un concours, l'entrée au CNSM est un concours. Par la suite, les grands concours internationaux vont opérer un tri entre les futures carrières. Maintenant, doit-on entraîner les enfants jeunes à passer des concours, alors qu'il n'y a pas encore d'enjeu véritable et que la plupart des petits concours pour enfant n'ont aucun intérêt sur le CV d'un musicien? Pas sûr... Il y a tellement d'autres qualités à développer que l'esprit de compétition quand on fait de la musique... Cela dit, jouer en public fait vraiment parti de l'apprentissage. La grande majorité des solistes ont joué très jeune en public, y compris avec orchestre. Mais là non plus il ne faut pas se leurrer. Ces jeunes virtuoses (comme ce suédois de 15 ans qui vient d'être recruté par Deutsche Grammophon), en plus de leur incroyable talent précoce, soit faisaient déjà partie du sérail, soit ont eu la chance d'être pris rapidement sous l'alie d'un mentor, d'un grand pédagogue de renommée internationale, comme un Zakhar Bron par exemple (mentor de Vengerov, Repin, et aussi de... Camille Berthollet!). Cela n'est pas donné à tout le monde et échappe au circuit classique de nos conservatoires...

[Inupiko]

Carbone14

Effectivement il y a un risque fort dans l'échec comme il y des risques dans la réussite . Prenons exemple de l'escrime. Interrogeons nous sur la vraie nature des réactions explosives des jeunes escrimeurs en compétition. Peut-on vraiment parler de pression ou devrions nous simplement parler de mimétisme ? En empruntant les mêmes parcours l'enfant peut perdre sa vraie nature. Il pourrait même perdre une originalité dont la discipline se serait bien enrichie.

[Carbone14]

J'ai fait de la compétition sportive étant jeune, rien d'extraordinaire non plus, mais la pression et l'angoisse sont bien réelles, c'est aussi un des paramètres qui m'a décidé d'arrêter.

Mon avis personnel est que les concours doivent être de la volonté des enfants avant tout, sans pression supplémentaire des parents, et avec l'aval des professeurs plus à même de jauger des talents et chances de réussite.. La musique peut être un moyen de s'épanouir et de prendre du plaisir, ou de gagner sa vie (plus où moins bien), le tout est de définir ses priorités!